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Teofilo Stevenson : l’anti-Mayweather

teofilo21cDécédé d’une crise cardiaque le 15 juin 2012, à l’âge de 60 ans, le Cubain Téofilo Stevenson demeure une légende vivante dans son pays et aux yeux des passionnés de boxe partout dans le monde. Adulé, ce boxeur populaire aura marqué l’histoire de la boxe par son palmarès extraordinaire et sa personnalité attachante. Sacré champion olympique des poids lourds en 1972, il conservera son titre à Montréal quatre ans plus tard. Aux Jeux Olympiques de 1980, à Moscou, il rentre dans l’histoire olympique en devenant le premier boxeur à gagner trois fois la médaille d’or dans la même catégorie. Il aurait certainement pu décroché à une quatrième médaille d’or en 1984, mais Cuba avait boycotté les jeux de Los Angeles. Téofilo Stevenson a aussi été deux fois champion du monde en lourds (en 1974 à La Havane et en 1978 à Belgrade) et une fois en super-lourds (en 1986 à Reno). En 1988, il met un terme à sa carrière après 302 victoires pour seulement 22 défaites. Très populaire, proche des gens, il a suscité l’admiration de son peuple et bien au-delà en prononçant cette phrase historique : « ¿Qué son un millón de dólares contra el amor de ocho millones de cubanos? ». Traduction : « Que représente 1 million de dollars face à l’amour de 8 millions de Cubains ? « . Cette fameuse réplique s’adressait aux promoteurs américains qui lui demandaient de quitter son pays pour passer dans les rangs professionnels aux USA et affronter Ali avec un très grosse bourse à la clé. Mais lui ne boxait pas pour l’argent. Il a donc décliné la généreuse proposition et décidé de continuer à boxer pour le drapeau cubain, dans le respect des nobles valeurs olympiques. Les gens l’aimaient et le respectaient. Même ses interlocuteurs américains admiraient son intégrité, son refus de se laisser acheter par des matchmakers avides de retombées financières. Tandis que Maywetaher, qui étale vulgairement ses dollars sur de nombreuses photos, est le triste esclave du billet vert. Beaucoup de personnes envient sa fortune, ses montagnes de billets de banque. Mais qui l’aime réellement ? Qui respecte l’homme, ses valeurs (en a-t-il d’ailleurs ?), son humanité ? Il ne doit pas savoir que l’estime et la popularité ne s’achètent pas. Sait-il seulement ce que signifie d’être aimé pour soi, pour autre chose que son compte en banque ? Le doute est permis… Ali, auquel, dans un élan de prétention mégalomaniaque, il a osé se comparer est aussi toujours aimé par des millions et des millions de personnes partout dans le monde, par delà les différences culturelles et sociales. Parce qu’il était porteur d’un message d’espérance universel et que son nom reste associé à son engagement personnel pour l’égalité des droits, la lutte contre la ségrégation raciale et la dignité des peuples. C’est une icône mondiale, une figure politique internationale au même titre que Martin Luther King ou Nelson Mandela. A quoi restera associé le nom de Floyd Mayweather ? L’obsession de l’argent ? L’arrogance ? Le champagne, le rap et les voitures de luxe ? Heureusement que Justin Bieber est là pour le réconforter.

Nasser NEGROUCHE

Précision : C’est un commentaire récent de notre frère Mossadek, ancien boxeur du BC Choisy-le-Roi et très fin connaisseur de la boxe cubaine, qui m’a donné envie d’écrire cet article. Moss, j’espère que tu me pardonneras les éventuelles inexactitudes comprises dans ce texte.Ci-dessous, la photo du fameux Tournoi de Halle (1984) transmise par Moss pour illustrer son commentaire à lire plus bas. Le redoutable Cubain Jésus Sollet, troisième accroupi en partant de la gauche, camarade de Stevenson, a affronté notre ami Akim Ouchen, brillant international algérien à l’époque.
ADN-ZB Lehmann 1.4.84 Halle: XIII. Chemie-Pokalturnier im Boxen – Die Sieger der einzelnen Gewichtsklassen stellten sich den Bildreportern. Untere Reihe vlnr: Mike Knuth, Andreas Zülow (beide DDR), Jesus Sollet (Kuba), Kon Gil Rjon (KDVR) und Torsten Koch (DDR). Obere Reihe vlnr Carloe Carcia (Kuba), Michael Timm, Torsten Schmitz, Henry Maske (alle DDR), Alexander Beljajew (UdSSR, SASK Schwerin), Serik Umirbekow (UdSSR) und Teofilo Stevenson (Kuba).
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