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Les 4 mousquetaires de Teissonnières

Quelques centimètres carrés de pure nostalgie argentique. Un petit morceau de passé aux couleurs délavées de l’oubli. Des visages et des sourires que l’on croyait éternels. Cet instantané Polaroïd détraque le cours du temps. Ça fera bientôt 40 ans, mais c’était hier. J’entends encore leurs voix se confondre dans la rumeur de la salle, entre le tam-tam des sacs martelés par les coups et le sifflement des cordes à sauter qui claquent sur le sol. Il sont là, devant moi, tous bien vivants et sans une ride. C’était hier, je vous dis…
Fin septembre 1980, il fait encore beau à Paris. C’est jour de récompense à Pouchet. Nul ne monte sur le ring aujourd’hui. On enterre les gants de la guerre le temps d’un week-end. Champagne et petits fours en présence du gratin  de la fédération, d’anciennes gloires du Noble Art, des entraîneurs  endimanchés des clubs de la région et des boxeurs mis à l’honneur. Après un discours solennel prononcé par le président du Comité d’Ile-de-France, quatre piliers du Boxing Club de Choisy-le-Roi, parmi d’autres champions franciliens, reçoivent leurs prix au cours de la cérémonie. Ces trophées récompensent leurs performances de la saison 1979-1980. Autour de Monsieur Julien Teissonnières, notre défunt professeur, on reconnaît (de gauche à droite) : le poids moyen Abdel Ali Debah, le lourd Salah Ouhab (tous deux décrocheront le titre envié de Champion d’Algérie dans leurs catégories respectives), le talentueux mi-lourd Abdel Laidoudi (qui disparaîtra tragiquement quelques années plus tard) et le styliste invaincu Lakhal Djellal, super-léger d’exception. Abdel Ali et Lakhal brandissent la Ceinture du CIF, une prestigieuse distinction remise aux vainqueurs de la compétition éponyme.
Salah et Abdel ont chacun une coupe entre les mains, qui atteste aussi de leurs prouesses pugilistiques lors de la saison précédente. Redoutables combattants, ces quatre boxeurs ont écrit certaines des plus belles pages de l’histoire de notre club. Pardessus beige et serviette de cuir noire, Monsieur Teissonnières fixe l’objectif avec le regard du papa fier de ses ouailles. Je suis sûr qu’il pensait déjà à l’ouverture de la saison 1980-1981 qui démarrait la semaine suivante sur le ring du gymnase Max Rousiè à la Porte Pouchet.

Nasser NEGROUCHE

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