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Castanier père et fils

Sa longue CX break grise nous servait de mini bus. On pouvait y tenir à 8 ou 10. Ça dépendait des catégories de poids auxquelles appartenaient les passagers… Enfants, on s’y entassait aussi parfois dans le coffre comme des sardines en boîte. Une fois arrivé à destination, on en descendait avec des fourmis dans les jambes, les muscles endoloris et des courbatures dans le dos. Un combat avant le combat…

Un mélange de Gabin et de Blier

Notre bien dévoué chauffeur s’appelait Raymond Castanier. Avec son nez aplati, ses costumes rayés et sa gouaille parisienne, il semblait tout droit sorti d’un film d’Henri Verneuil. Un improbable mélange de Gabin et de Blier. Ancien boxeur amateur au nombre incalculable de combats, il était président du Boxing Club de Choisy-le-Roi (fin des années 70, début des années 80) où son fils, Thierry, un bon styliste dans les poids légers, était aussi licencié. Tous les soirs à la salle, disponible, proche des boxeurs dont il comprenait parfaitement la psychologie, il nous emmenait sur tous les rings de France à bord de sa Citroën légendaire qui était équipée d’une suspension hydropneumatique. Un système révolutionnaire à l’époque. Quelques secondes après le démarrage, le véhicule se relevait en position haute, roues dégagées, de manière spectaculaire. C’était un spectacle inoubliable qu’il était fier de nous commenter à chaque déplacement.
D’une rare disponibilité, toujours au service des boxeurs, il incarnait l’un des plus beaux visages du bénévolat qu’il m’ait été donné de voir. Dans les moments difficiles, il savait trouver les mots justes pour nous remonter le moral, nous réconforter. Comme après une défaite, par exemple. A la tête d’une entreprise spécialisée dans l’entretien et la réparation de fermetures et stores, l’homme ne manquait pourtant pas de travail dans le civil… Mais il s’arrangeait toujours pour répondre présent lorsque nous avions besoin de ses services. Il trouvait même le temps de s’investir dans l’association « Les anciens de la boxe » dont il était un membre très actif. Au milieu des années 80, après une brouille avec Julien Teissonnières, il abandonnera ses fonctions de président du club. Mais restera toujours présent dans le monde de la boxe avant de nous quitter définitivement…

Un élégant styliste

Thierry Castanier, un talentueux poids léger à la boxe soignée.

Thierry, son fils, était un bon styliste, à la boxe élégante et appliquée sur le ring. Son enchaînement favori était tout simplement un remarquable « 1,2,3 », gauche-droite-gauche, précis et rapide. Une savoureuse spécialité pugilistique choisyenne. Mobile, bien en ligne, la garde haute, il avait connu un certain succès à la Porte Pouchet, au tout début des années 80, dans la catégorie des poids légers. Discret, humble et très sympathique, il ne bénéficiait d’aucun traitement de faveur en tant que fils du président. Bien au contraire… A ce titre, il devait justement se montrer exemplaire en toutes circonstances et il ne lui était d’ailleurs pas toujours facile de gérer cette pression psychologique. Après quelques années de pratique, il décidera de jeter l’éponge pour se consacrer pleinement à la reprise de l’entreprise familiale dans laquelle il travaillait déjà. Je n’ai jamais eu de nouvelles de lui depuis toutes ces années. Il doit toujours être en activité et j’espère qu’il nous rejoindra bien vite sur ce blog. Thierry, nous ne t’avons pas oublié, fais-nous signe !

Nasser NEGROUCHE

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