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Hamani à l’affiche !

H.A.M.A.N.I. Lorsqu’elles étaient imprimées sur une affiche de boxe, ces 6 lettres suffisaient à garantir à Gilbert Benaïm et Charley Michaëlis, les deux plus gros promoteurs des grandes soirées de boxe à Paris dans les années 70 et 80, une réunion à guichets fermés. Comme un acteur « bankable » peut apporter au producteur d’un film la certitude de remplir les salles de cinéma. Hamani, valeur sûre, très courtisée même, mais rarement invitée au bal… Le Boxing business, petit joueur, n’était pas toujours disposé à payer le prix du luxe. Pourtant, programmer Loucif Hamani, c’était à coup sûr, faire exploser le compteur des recettes. Rentabiliser l’organisation, gagner de l’argent, payer les boxeurs et tous les frais et se dégager quand même un confortable bénéfice. Hamani, met raffiné, était donc finalement servi sur un plateau d’argent, au moins une fois par an, à des aficionados affamés car trop longtemps privés de leur menu préféré.

Un Chopin entre douze cordes

C’est un fait : Loulou, comme aimaient à l’appeler ses intimes, exerçait une irrésistible attraction sur le public parisien, connaisseurs et néophytes confondus. C’était magnétique. On comprenait tout de suite, dès les premières secondes qui suivaient le coup de gong initial, qu’il n’était pas un boxeur comme les autres. Lui avait la grâce en plus. Quelque chose d’inexplicable qui nous prenait au ventre. Médusés, bouleversés, les spectateurs le contemplaient comme une sorte de génie artistique. Un Chopin entre douze cordes. Il ne boxait pas, il improvisait avec une verve incomparable des vers dont lui seul connaissait les rimes. Des paraboles musicales qui parlaient à nos âmes et faisaient tressaillir nos coeurs. Ce langage universel transcendait toutes les appartenances sociales ou culturelles, et chacun en comprenait le sens sans effort. Intuitivement.

Des continents inexplorés de beauté pure

Lorsqu’il était à l’affiche, Hamani donnait à la réunion de boxe des allures de soirée d’opéra. On se faisait beau pour y aller. On voulait être à la hauteur de l’événement. Partager aussi un peu de cette classe éblouissante dont il éclairait le ring. On savait qu’on allait vivre une expérience particulière, un bouleversement continu de nos sens qui s’accentuerait au fil des rounds. Une entrée progressive dans une douce transe qui nous élevait et nous faisait deviner des paysages intérieurs inconnus auparavant. Des continents inexplorés de beauté pure. On ressortait de là transformés. Initiés. Prêts à croire – enfin ! – dans l’existence du beau et du bien. Car Hamani en action c’était la victoire de la beauté sur la laideur, de l’intelligence sur la force brute et des fleurs sur les armes. Champion toutes catégories de notre humanité sublimée.

Nasser Negrouche

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