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Le dernier combat de Thierry Castanier

Avec sa frimousse de jeune premier, il aurait pu devenir comédien. Mais sa scène à lui, c’était le ring. Et le spectacle, c’est entre douze cordes qui le donnait. Sans trucages ni doublure. Sous un gros projecteur de lumière jaune orangée, deux boules de cuir vissées au bout de ses longs bras et le protège dents coincé dans sa mâchoire de fer. Thierry Castanier, 57 ans, ancien poids léger du Boxing Club de Choisy-le-Roi a tiré sa révérence dimanche 30 mai, emporté par une longue maladie comme on dit pudiquement dans ce genre de circonstances.

Un boxeur au coeur d’or

Depuis deux ans, Thierry se battait comme un beau diable contre ce maudit crabe aux pinces noires. Et malgré son énorme courage, ce combat déloyal était perdu d’avance. La nouvelle a évidemment plongé sa famille dans une immense tristesse. Mais aussi tous ceux qui, à la salle d’entraînement, ont croisé la route de ce boxeur au coeur d’or, d’une gentillesse et d’une humilité confondantes. Fils de l’ancien président de notre club, le regretté Raymond Castanier, Thierry était un excellent styliste. Pur produit de l’école de boxe fondée par Julien Teissonnières, il boxait bien en ligne, mobile, la garde hermétique et toujours précis dans ses coups. Je me souviens de ses enchaînements rapides et efficaces : gauche, droite / gauche, droite, gauche.

Coupe du meilleur styliste

Au tout début des années 80, il a fait partie de cette jeune génération de boxeurs amateurs qui ont écrit la légende du BC Choisy-le-Roi. Les dimanches de compétition, à la porte Pouchet, Thierry était souvent acclamé par les connaisseurs du Noble Art qui appréciaient son style académique et fluide. Il a d’ailleurs plusieurs fois remporté la Coupe du meilleur styliste décernée aux pugilistes les plus habiles techniquement. Alors qu’une carrière prometteuse s’ouvrait à lui, Thierry, après plusieurs années de pratique assidue, raccrochera les gants pour de bon. Comme de nombreux boxeurs, il lui était devenu impossible de conjuguer vie professionnelle et pratique sportive de haut-niveau. D’autres considérations, plus personnelles, l’avaient incité à prendre cette décision. C’était, sans aucun doute, le bon choix. Après la boxe, initié au métier par son père (lui-même était artisan), Thierry a monté, en 1988, sa propre affaire spécialisée en menuiserie métallique et serrurerie. Un succès.

Dernier coup de gong

Mais sa plus belle réussite, au-delà des trophées et du business, c’est la belle famille qu’il a fondée avec Malika, son épouse. Une famille soudée et riche en humanité. Je pense bien-sûr à ses quatre enfants : Aurélie, Mélanie, Tiffany et Jordan. Mais aussi à sa nièce Angélique (qui a publié un message émouvant sur Choisy Boxe il y a quelques jours) et à sa soeur Rose Marie qui nous a également fait part de la disparition de Thierry. Toutes mes pensées vont bien entendu – au nom de tous les anciens boxeurs du BC Choisy-le-Roi- à tous les autres membres de la famille Castanier que je ne connais pas. Soyez assurés de notre soutien dans cette épreuve. Je suis certain que c’est vous qui lui avez donné la force de tenir aussi longtemps face à la maladie. Je suis tout aussi sûr qu’il s’est endormi paisiblement, lorsqu’il a entendu, dans la nuit intérieure qu’il a traversée et dont nul ne revient, le dernier coup de gong retentir. Et peut-être même a-t-il reconnu, dans le tunnel qui le conduisait vers la lumière, la voix rassurante d’un certain Raymond Castanier qui guidait ses premiers pas dans l’au-delà.

Nasser Negrouche

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