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Le livret de Djamel

C‘est un petit livret cartonné marron rouge, rectangulaire, tout en hauteur, mille fois rafistolé, buriné comme le visage d’un ancien légionnaire. Du scotch, pas même transparent, probablement découpé à la hâte entre deux rounds à la salle, maintient fébrilement la fine reliure de papier. En bas, un ruban adhésif indique en lettres capitales l’identité du titulaire de ce document  délivré par la Fédération française de boxe : « D.REMINI ». On prend alors subitement conscience de l’immense valeur de ce bout de carton.

Un boxeur d’exception qui subjuguait le public

Oui, c’est bien le livret de Djamel ! Notre Djamel Rémini, prodigieux poids plumes – légers  des années 80, battant spectaculaire qui a époustouflé le public parisien lors des compétitions fédérales à Pouchet et aussi conquis les amoureux du Noble Art en province par son style éblouissant. Pressing constant et intelligent sur son adversaire, esquives rotatives et latérales au millimètre, séries corps face décochées à une vitesse fulgurante, doublé ou triplé du crochet gauche, feintes merveilleuses, accélérations en mode turbo… : Rémini était un boxeur d’exception. Digne des plus grands. Je suis convaincu qu’avec l’accompagnement approprié, il aurait pu se hisser parmi les meilleurs européens, voire mondiaux de sa catégorie.
Mais ne refaisons pas le combat. Ce qu’il a accompli dans les rangs amateurs est précieusement consigné dans ce livret retrouvé dans les archives de la famille Teissonnières que je remercie de sa confiance une nouvelle fois. Au-delà de son palmarès et des titres remportés, c’est d’abord la qualité de ses adversaires croisés sur le ring qui m’épate : Mona, Chaïb, Lustenberger, Rubens, Ka, Samalingue… Que des « clients ». Zéro faire-valoir.  Et à chaque fois, des combats titanesques dans lesquels Djamel mettait toutes ses tripes. Quelle que soit l’issue finale, il ne trichait jamais. Et offrait au public un véritable festival d’esquives et de séries façon Loucif Hamani qui provoquait des « waouaaah » sonores d’admiration dans la foule. Il y avait aussi, dans sa boxe, une patte toute mexicaine, mélange de hargne et de précision, qui n’était pas sans évoquer le mythique Julio César Chavez dont il s’inspirait volontiers. A chaque fois que je mettais les gants avec lui, à la salle, c’était un championnat du monde. On se donnait à fond. Nos deux boxes, opposées et complémentaires à la fois, provoquaient de sacrées étincelles !

L’homme qui peut relancer la boxe à Choisy-le-Roi

Star du Boxing-Club de Choisy-le-Roi dont il a porté avec panache les couleurs noire et jaune dans les années 80, Djamel est incontestablement l’héritier naturel de notre regretté professeur Monsieur Julien Teissonnières. Il perpétue aujourd’hui fidèlement l’enseignement de ce dernier dans son club, le Cercle Sportif de Choisy-le-Roi, secondé par Lounès Gueddouche, un autre ancien bon boxeur de Choisy-le-Roi, devenu un excellent pédagogue du Noble Art. Cette remarquable école de boxe  peut déjà s’enorgueillir de plusieurs performances notables tant au niveau régional que national. Djamel accomplit surtout, comme Monsieur Teissonnières autrefois, un formidable travail d’éducation et d’aide à l’insertion des jeunes par la transmission de valeurs sportives et civiques qui favorisent leur épanouissement personnel, scolaire et professionnel. Malheureusement peu soutenu, le club de Djamel survit avec de très modestes moyens. Une injustice criante quand on sait toute son implication personnelle et désintéressée, les résultats obtenus par le club et la précieuse utilité sociale de son engagement bénévole. J’espère que la municipalité de Choisy-le-Roi dont nous avons porté les couleurs avec fierté pendant de longues années sur tous les rings de France et de Navarre lui apportera enfin le soutien qu’il mérite. Djamel Rémini a toutes les compétences et toutes les qualités humaines nécessaires pour relancer la boxe à Choisy-le-Roi, jadis l’un des clubs les plus titrés et les plus respectés de France.

Nasser NEGROUCHE

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