Choisy Boxe

Choisy-le-Roi vs Noisy-le-Grand : un must sociologique !

Une affiche (généreusement fournie par Marie-Anne Teissonnières) qui réveille les souvenirs d’une époque où la boxe portait encore en elle une rare intensité dramatique. Rien n’était joué d’avance… Tout était possible sur le ring… Jusqu’au dernier coup de gong
Une affiche (généreusement fournie par Marie-Anne Teissonnières) qui réveille les souvenirs d’une époque où la boxe portait encore en elle une rare intensité dramatique. Rien n’était joué d’avance… Tout était possible sur le ring… Jusqu’au dernier coup de gong.

C’était le 12 avril 1986. Trois jours après la sortie de 37°2 le matin, le film déjanté de Beineix et deux jours avant la mort de Simone de Beauvoir. Entre ces deux deux événements illustres, une bataille historique s’est déroulée dans la banlieue nord de Paris. Choisy contre Noisy. Le 94 vs le 93 sur le ring. Un must sociologique. Mais, trop éblouis par l’actualité du moment, les chroniqueurs mondains de l’époque ont zappé cet événement. Journaux, radios et télévisions n’ont pas envoyé de reporter au Gymnase de la Piscine. On pouvait les comprendre : pas de ceinture mondiale en jeu, pas même un titre national. Et aucune vedette médiatique de la boxe contemporaine ne se produisait ce soir-là. A l’exception d’un combat d’indépendants (néo pro) en 6 rounds de 3 mn, l’affiche est 100% amateurs. Et 6 des 9 combats opposaient des boxeurs de Choisy-le-Roi et de Noisy-le-Grand. Un gala banlieusard qui sentait fort le cigare bon marché à la buvette, l’eau de Cologne du Prisunic dans les gradins et le vrai Synthol dans les vestiaires. Pourtant, je maintiens que cette soirée boxe était chargée d’une rare intensité dramatique. Beaucoup plus importante que celle qui entoure aujourd’hui de pseudo championnats d’Europe ou même du Monde et leurs carnavals de ceintures en toc. Les chocs entre Salah Ouhab, le poids lourd mystique de Choisy et Patrice Akam, le guerrier de Noisy d’une part et, d’autre part, le coriace gitan Patrick Rubes et notre redoutable battant Djamel Rémini avaient attiré tous les connaisseurs de la région. Jo Tafanelli, le légendaire speaker de la boxe parisienne, ne présentait pas cette réunion de boxe par hasard. Le ton unique de sa voix et son inimitable débit vocal conférait à la soirée une dimension spéciale. J’affrontais Rachid Rahou, un poids plume fonceur et vaillant, en 3×3 mn. Je me souviens m’être régalé sur le ring, sous les yeux de l’excellent Daniel Talon, l’actuel président du Comité d’Ile-de-France de la FFB, qui arbitrait mon combat. Je m’étais fait plaisir en déployant mon attirail technique préféré : directs du gauche à répétition, pas en arrière, grande mobilité des jambes, esquives latérales et retraits du buste, contres fulgurants de la droite. Je descends Rahou au 2ème round sur l’un de ces contres à la pointe du menton. Il est compté 8 et reprendra le combat que je remporte ensuite  largement aux points. La Coupe du meilleur styliste me sera décernée en récompense de mes fantaisies gestuelles. Je ne me souviens pas de tous les autres combats. Mais je garde en mémoire la formidable victoire de Salah Ouhab (qui n’était pas favori contre Akam). Ouhab a fait un combat très intelligent. Mobile, précis, actif, il a boxé comme un poids léger. Djamel, peux-tu nous dire comment cela s’était passé pour toi ? Je me souviens que tu avais été volé contre Rubes à Pouchet. C’était la revanche ? Et Chebab, qu’avait-il fait ce soir-là ? Habib Benkouider alias « l’encyclopédie de la boxe », peux-tu nous aider ?? Je voulais, pour finir, honorer la mémoire de Monsieur Poisson, l’ancien et très sympathique entraîneur du club de Noisy-le-Grand (aujourd’hui décédé) et tous ses valeureux boxeurs de l’époque dont l’intelligent boxeur Fahmi Gabteni (que j’ai revu il y a environ 18 mois), Patrice Akam, Rachid Rahou, Mohamed Djendeb et tant d’autres qui partageaient aussi nos dimanche à Pouchet. Nous nous sommes affrontés sur le ring, mais nous gardons les uns pour les autres une grande et sincère amitié. Un petit salut amical aussi à mon ami Abdoulaye Ka, présent sur l’affiche, ancien super-légers longiligne de Fontenay-sous-Bois. Ce protégé de Marcel Pigou faisait de chacun de ses combats un spectacle. Il cognait dur et ne craignait personne. Merci, à tous les lecteurs, d’enrichir cet article de vos commentaires.

Nasser NEGROUCHE

10 comments

  • Bonsoir Nasser et aussi à tous les anciens boxeurs de choisy,
    je me souviens de ces soirées de mise de gants, je restais jusqu’ a la fin alors que les plus jeunes devaient descendre à la douche, je restais pour copier et apprendre les gestes. le jeux de jambes et le coup d’ oeil de Nasser, les esquives et accélération de Dgamel, la force de Salah, la détermination de Magdoud et la générosité Chabab ( paix à son ame ) et aussi de marius trésor, le style de Laurent Mongermont, Sissoko et bien d’ autres.
    J’ ai photocopié dans mon esprit ce style de Choisy et grace à vous j’ ai pu reproduire tous ces gestes durant mes combats amateurs à Pouchet et à chaque fois à la fin du combat, il y’ avait souvent une personne qui me disait que j’ avais le style de Choisy le Roi.
    Maintenant, avec Dgamel comme tuteur de ma formation, je vais essayer de transmettre ce patrimoine technique que Mr Teissonnière nous légué.
    Dgamel a déja fait un grand travail avec des p’tits jeunes et lors des interclubs ou des championnas de boxe éducative, on retrouve ce style unique de la boxe de Choisy, déplacement, esquive, remise, coup d’ oeil et accélération.
    Comme disait Mr Tessonnière  » la boxe, c’ est l’ escrime des poings  » je touche et je m’ en vais.
    Nasser, passe nous voir un jour à la salle pour voir le travail de Dgamel.
    A la prochaine et on garde le contact.

    • Cher Lounes, merci pour ce témoignage émouvant et dont j’apprécie toute la sincérité et aussi la belle humilité. Mais tu es trop modeste ! Nous t’avons certes inspiré, chacun à notre manière comme tu l’écris si bien, mais tu as aussi créé ta propre boxe, apporté toute ta sensibilité personnelle, ton style à toi. Tu es aussi un mousquetaire du Boxing Club de Choisy-le-Roi. Je garde un souvenir très agréable de toi, petit frère espiègle du ring avec lequel je partageais des blagues et des rires dans les vestiaires ou sur le chemin de la salle en traversant le pont de Choisy.Boxeur la semaine, fleuriste le week-end au marché de Vitry-sur-Seine ! On ne se prenait pas au sérieux. On aimait rire et prendre plaisir à boxer. Tu étais notre petite mascotte dont nous étions tous fiers ! Ta présence à nos côtés, les jours de combats, nous faisait du bien. Tu nous apportais ta joie, ton insouciance et ta bonne humeur. Cher Lounes, nous nous sommes confiés nos histoires, nos souffrances, nos espoirs, nos rêves. Dans la confiance mutuelle et avec une rare sincérité. L’hommage que tu rends à Djamel, je le partage à 100%. C’est un grand bonhomme ! Le digne successeur de Monsieur Teissonnières dont il incarne fidèlement la boxe, mais surtout les valeurs et la philosophie. Djamel, c’est un frère. Comme toi mon cher Lounes. Avec lui, tu es entre de bonnes mains. Je retiens l’invitation et je promets de venir vous rendre visite bientôt à la salle (et on se fait un petit repas après ?)… Je sais tout l’admirable travail que vous accomplissez tous les deux en faveur de la formation des jeunes boxeurs et la promotion des nobles valeurs qui sont les nôtres. Je te dis à très bientôt Peter Pan ! Encore merci pour ton bel, hommage. Nasser, « le coup d’oeil et et le jeu de jambes » ! Merci Gueddouche !!

      • Merci pour ton clin d’ oeil et on t’ attend à la salle avec Djamel pour une mise de gants. Même si il y’ a beaucoup de respect entre nous, tu sais que dans le ring… l’ amitié est mise de côté !!!!
        je plaisante, remets toi en forme et passe nous voir, je t ’embrasse et à bientôt.

      • Mon Cher Lounes, je te promets trois bons rounds qui te prouveront que l’on peut concilier combativité et amitié sur le ring !
        En attendant, bravo à tous les deux pour votre boulot de formation des futurs champions ! Nasser.

  • Désolé Djamel je me souvenais du combat de pouchet mais pas de celui de noisy,ouaaaw mes enfants ont raison,je vieillis

  • Une formidable soirée de gala j’ai réalisé le match parfait attaque esquive contre attaque décalage latérale techniquement parfaitement réaliser. je me souviens d’une attaque corps face je le touche très durement Patrick rubes courageux résiste le public connaisseur me le faisait entendre par des applaudissements sans cesse répéter au même titre que l’intensité physique du combat sans temps mort un rythme très élevé du début jusqu’à la fin du match. La décision une victoire grandement mérité sans la moindre contestation du public venu nombreux suivre une revanche très attendues.

    Je profite de l’occasion pour saluer tous les boxeurs qui ont participé à cette formidable école de boxe dirigé par l’exception monsieur julien teissonnier à tous mes sincères amitiés.remini

    • Merci Djamel de cette précision importante ! Avec Benkouider, on se demandait si le combat avait bien eu lieu ce soir là à Noisy contre Rubes… On avait un doute… Tu l’avais déjà pris à Pouchet avant Rubes, non ? Il y avait même une baston dans la salle entre les supportes de Choisy et le clan des gitans ! Sinon, ton style de boxe que tu décris correspond parfaitement à la réalité. Tes esquives rotatives étaient superbes ! Et aussi tes enchaînements corps face en série faisaient vibrer le public. Quand Rémini était à l’affiche, le public se déplaçait nombreux. Tu étais un boxeur spectaculaire, très courageux et très sérieux à l’entraînement. Je me souviens aussi de nos rudes combats à l’entraînement lorsqu’on mettait les gants ensemble; ça boxait dur, mais toujours dans un esprit de respect mutuel, sans méchanceté. On en a fait des rounds et des rounds ensemble ! J’ai aussi toujours admiré ta simplicité et ton humilité, ta bonne humeur et ton dynamisme. Je sais aussi tout ce que tu fais aujourd’hui pour la boxe à Choisy, la formation des jeunes et la perpétuation de l’héritage de Monsieur Teissonnières. Bravo à toi mon cher Djamel. J’espère passer te voir bientôt à la salle. Nasser.

  • Salut Nasser,ce soir là j’etais spectateur de la reunion de noisy où je t’ais vu mettre une correction au petit pretentieux rahou,pour les resultats,il n’y a pas eu de Rubes-Remini et Chebbab(paix a son ame) avait surclassé Djendeb(qui est entraineur a Noisy aujourd’hui)Tu vois Nasser la passion ne disparaitrat jamais

    • Merci Habib ! J’avais aussi un doute sur la tenue effective du match Rémini-Rubes. Je ne me souviens pas du combat du très regretté Chebab, mais bien de celui de Ouhab. J’en profite pour dire à tous les lecteurs de Choisy Boxe à quel point Habib Benkouider maîtrisait le noble art ! Formé à Vitry-sur-Seine, il s’était rapidement imposé au BC Choisy-le-Roi par la qualité de sa boxe, son intelligence du ring et aussi ses grandes qualités humaines. Je l’avais surnommé « Le Cubain » à cause de sa grande aisance technique et la précision de ses coups. C’était un excellent poids léger, élégant, mobile, efficace. Habib, tu étais un grand boxeur et je garde de toi un souvenir ému. Je me souviens aussi de tes conseils très utiles et du soutien moral que tu m’apportais parfois. Je t’en remercie encore ! N’hésite pas à nous faire part de tes précieuses connaissances pugilistiques. Fraternellement. Nasser

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