Choisy Boxe

Photo de famille à Pouchet

C’est un instantané Polaroïd à peine terni par une trentaine d’années de sommeil au fond d’une boîte d’archives. Une petite photo de forme carrée, aux couleurs délavées et un peu troubles. Un morceau de passé qui sent bon la fraternité et la douleur des jours à jamais perdus. On doit être en 1985. Datation approximative, mais localisation formelle : Pouchet. Nos gradins préférés au fond de l’allée supérieure qui longe la grande salle du gymnase Max Rousié, à gauche après les grands escaliers de l’entrée. Pour je ne sais quelle raison, c’était depuis toujours le coin des supporters du Boxing Club de Choisy-le-Roi. Aujourd’hui encore, lorsque je me rends à Pouchet, je me dirige machinalement vers ces places que nous occupions bruyamment autrefois.
Retour à l’image, généreusement fournie, une fois de plus, par Marie-Anne Teissonnières, veuve de notre regretté Gérard et fidèle amie des anciens du club. Ce qui frappe, d’abord, c’est la tenue urbaine du prof et aussi sa présence parmi nous. Chemise, cravate, imperméable et souliers de ville. Les jours de boxe, il portait toujours  sa veste de survêtement Adidas bleue et rouge et ses baskets de la même marque. Ce qui signifie que cette photo a très certainement été prise un jour de cérémonie de remise des prix et diplômes. L’importance de la délégation de boxeurs présents est un second indice qui confirme cette thèse. La quasi-totalité des compétiteurs de l’époque figurent sur la photo, à l’exception de Salah Ouhab (qui devait être en retard…) et des frères Debah (Youssef prenait-il le cliché ?) D’autres, encore, se trouvaient probablement en bas, près du ring, en train de discuter avec Gérard au moment où on nous mettait sur pellicule.
Mais passons aux présentations : au premier rang, tout sourire, à gauche de Monsieur Julien Teissonnières, chacun reconnaîtra le talentueux Habib « El Cubano » Benkouider. A droite du prof, le regretté battant au coeur d’or Mohamed Chebab et l’increvable Hassan Fekih Ali qui ne lâchait jamais sa proie… Au deuxième rang, à gauche, Frédéric Djefal, brillant styliste à la carrière hélas écourtée en raison d’un accident de la route. Près de lui, le virevoltant Aude Mambolé et son éternel bonnet retroussé. Vient ensuite le prodigieux Djamel Rémini, prince de l’esquive et des séries. Je figure à sa droite, la mine anormalement éteinte. Mystère… A ma droite, le fin technicien Arezki Lounis qui se reconvertira plus tard et avec succès dans l’athlétisme. Au dernier rang, en partant de la gauche, je reconnais Germain Djida, merveilleux poids mi-lourds au style enchanteur, et, sans certitude, le poids mouche de choc Youcef Lattab. Le sympathique président Daniel Peraud (décédé il y a quelques années) et son fils Pascal, coriace poids coqs-plumes à la vaillance impressionnante ferment le banc.

Nasser NEGROUCHE

6 comments

  • Plus aucun club en France pourra se prévaloir d’un tel réservoir de champions,dommage que les choses n’est pas évolué dans le bon sens car combien auraient pu devenir de très grand champions?La question reste en suspend et sourtout se poser la question pourquoi aucun de nous n’a percé avec tout le potentiel qui était le notre

    • C’est une très bonne question et, franchement, je me la pose depuis des années Habib… Je crois qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer le constat que tu fais. Il serait trop long de les développer ici. Pour résumer, je pense que nous n’avions pas de plan de carrière. A l’époque, on se moquait des boxeurs dits « protégés » (genre Christophe Tiozzo et bien d’autres) en nous croyant supérieurs à eux. En fait, ce sont eux qui avaient raison de minimiser les risques tout en maximisant les gains. Nous étions trop dans l’affectif, l’orgueil (la meilleurs façon de se faire avoir !) et pas assez dans la réflexion, la stratégie… Nous manquions d’un véritable accompagnement dans notre parcours sportif. Je pense aujourd’hui que nous n’étions pas assez protégés. Les mises de gants étaient rudes à la salle et certains d’entre nous ont peut-être fait des combats trop durs par rapport à leur niveau de l’époque. On boxait au jour le jour, sans savoir où on allait et en pensant naïvement que le tapis rouge nous serait déroulé sous nos pieds automatiquement. On aurait certainement fait mieux (même si c’est facile à dire aujourd’hui) avec un véritable accompagnement personnalisé, un peu plus d’écoute, d’empathie et de soutien psychologique. Pour ma part, c’est ce qui m’a beaucoup manqué. Bises à toi mon frère de combat. Nasser

  • Merci NASSER! Ça fait plaisir de voir mon grand pere entouré de « ses gars »! Et toujours aussi souriant ?! Amitiés JFR

    • Merci Jean-François pour ton sympathique message ! Ta présence fidèle à nos côtés me touche particulièrement. Nous espérons pouvoir renouveler la Coupe Julien Teissonnières du meilleur styliste dans quelques mois. Je te tiendrai informé. Très amicalement. Nasser.

  • Bonjour a tous,
    Super on retrouve une équipe qui gagne Mohamed chebab,Djefal,les noms ne manque pas!
    Incontestablement nous tous étions animés de la même envie : atteindre les sommets de la réussite sportive.

    se qui se cache derrière cette incroyable machine a gagné :Une relation humaine de tous les instants,partages,soutiens, accompagnement.
    Des valeurs qui on construits durablement cette formidable école de boxe anglaise.

    A tous mes amitiés.
    Djamel.

    • Bonjour Djamel,
      Je suis tout à fait d’accord avec ton analyse. La relation humaine exceptionnelle qui nous liait les uns aux autres était un vrai facteur de réussite et de motivation. Malgré les ambitions individuelles des uns et des autres (parfaitement légitimes d’ailleurs), nous formions une vraie équipe animée par un esprit de famille. D’où le titre de mon article. Monsieur Teisssonnières avait réussi à créer une atmosphère faite d’exigence, de respect et de solidarité entre nous. On sentait vivre les valeurs nobles de la boxe. On ne se faisait pas de cadeau lorsqu’on mettait les gants, mais on avait les uns pour les autres beaucoup de considération et d’estime. Très amicalement mon cher Djamel. Nasser.

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