Je voulais rendre un hommage particulier au regretté Mustapha Moussa. Un pugiliste extraordinaire, multiple champion d’Algérie, champion du monde militaire en 1982, médaillé d’or aux Jeux Méditerranéens (1983), médaillé de bronze aux JO de 1984 à Los Angeles (avec le futur champion du monde Evander Holyfield, star mondiale de la boxe qui battra Mike Tyson dans les rangs professionnels ), vainqueur des Jeux Panarabes en 1985 à Casablanca…
J’étais justement à Alger en juillet 1985 avec mon ami d’enfance Akim Ouchen, le poids coq de Gennevilliers, qui avait brillamment gagné les Jeux Nationaux en ce mois de juillet, et grâce à l’entraîneur de l’équipe des immigrés de France, Ahmed Mekoues (Allah yrahmou) j’ai pu assister aux entraînements tous les jours et pendant trois semaines de l’équipe nationale de boxe dont Mustapha Moussa était le fer de lance. Une équipe de haut niveau avec des boxeurs talentueux, entraînés par un coach soviétique, assisté de l’ancien champion des années 60-70, Omar Aliane (Allah yrahmou). Et pour l’anecdote c’est en voyant le coach soviétique en action que j’ai voulu moi-même devenir éducateur sportif ! Il avait un charisme et une maîtrise de l’entraînement qui imposaient le respect.
Il avait un sens naturel de l’esquive et une droite terrible
Physiquement, Mustapha Moussa était un athlète grand qui ressemblait aux statues en bronze : tout en muscle avec un taux de masse graisseuse invisible à l’œil nu. Pour que vous puissiez vous faire une idée, Moussa boxait comme le grand Mohammed Ali : la garde basse, un coup d’œil extraordinaire et une droite terrible qui tétanisait ses adversaires. Il avait un sens naturel de l’esquive. Difficile à toucher, il ne prenait pas beaucoup de coups.
Les mises de gants avec son compatriote Mohamed Bouchiche étaient titanesques. Bouchiche était le Tyson Algérien : le même physique que Iron Mike. L’opposition était parfaite : Ali vs Tyson et franchement, boxer à leur niveau c’était de l’art !
Je n’ai pas pu échanger avec Moussa le relationnel n’était pas sa qualité principale… En revanche j’ai sympathisé avec Mohamed Bouchiche et Mohamed Zaoui poids moyen médaillé à Los Angeles (1984) battu seulement aux points en demie finale par l’excellent boxeur des USA Virgil Hill. Zaoui me racontait à quel point Moussa était dominant sur le ring : en stage en France, à l’Insep, il avait surclassé de la tête et des épaules le champion français Christophe Tiozzo. Au Red Star Olympique Audonien (RSOA), sous les yeux du boss Gaëtan Micallef, c’est le puncheur gitan Tano Weiss qui avait fait les frais de la vista de Moussa. Et lors d’un stage final à Cuba, le mythique entraîneur Cubain Alcides Saggara lui avait fait cette prédiction : « Tu seras sur le podium des jeux, mais c’est toi qui choisiras la place !
J’ai vraiment eu l’impression de faire partie de cette histoire…
Fin juillet 1985, je rentre en France tandis que l’équipe d’Algérie s’envole pour Casablanca afin de disputer les Jeux Panarabes. Pas d’Internet à cette époque ; j’apprendrai les résultats de la compétition grâce au journal El Moujahid, page des sports : « Mustapha Moussa vainqueur en finale face à un solide égyptien ! ».
J’étais fier de sa victoire, ayant suivi une partie de la préparation de l’équipe, l’entraîneur soviétique m’avait demandé de tenir le chrono lorsqu’il intervenait pour corriger les pugilistes. J’ai vraiment eu l’impression de faire partie de cette histoire et trente années plus tard, en juillet 2015, je suis en vacances au Maroc et je me trouve à Casablanca. Je n’ai pas pu m’empêcher de me rendre à la salle omnisports du complexe sportif Mohammed V et me transporter trente années en arrière dans l’ambiance de cette salle immense. La voix du commentateur me revint alors du passé comme un écho lointain. « Moussa qui effectue un retrait du buste face à un égyptien déchaîné ! Direct du gauche suivi d’une droite foudroyante au menton : l’Egyptien est dans les cordes, l’arbitre le compte et le raccompagne, groggy, dans son coin. L’enfant d’Oran s’impose et remporte la médaille d’or de ces Jeux Panarabes ! ». Quelle époque ! Et quel champion !
Il n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait
A la fin des années 80, j’allume mon téléviseur pour suivre une soirée boxe sur Canal+ et surprise : Mustapha Moussa est sur le ring, opposé à un boxeur franco-togolais, Olivier Kemayou. La suite est à oublier… Moussa n’était plus que l’ombre de lui-même. Il faut tout de même avouer qu’il était fantasque, capable du meilleur comme du pire. Après cette expérience ratée chez les professionnels il retournera chez lui à Oran, mais il n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait, une reconnaissance qui soit à la hauteur son talent. Mustapha Moussa restera pour moi une légende de la boxe Algérienne. Il a apporté avec Mohamed Zaoui les premières médailles olympiques à l’Algérie. Au même titre que Chérif Hamia et Loucif Hamani, il fait partie des grands champions qui nous ont inspirés.
Mossadek Khellaf
Mustapha Moussa a été inhumé au cimetière d’Aïn El-Beida (Oran). Il avait 62 ans. Paix à son âme et toutes nos condoléances à ses proches.
« Ô Seigneur ! Pardonne à nos vivants et à nos morts, aux présents et aux absents, aux jeunes et aux vieux, aux hommes et aux femmes. Ô Seigneur ! Celui d’entre nous que tu maintiens en vie, fais-le vivre sur la voie de l’Islam et celui d’entre nous dont tu as repris l’âme, fais-le mourir dans la foi. Ô Seigneur ! Ne nous prive pas de sa récompense et ne nous égare pas après sa mort ».
Le sujet principal de mon texte étant de rendre hommage au grand champion Mustapha Moussa, je n’ai pas précisé que les boxeurs, Djamel Remini, Mehdi Labdouni, Zaïr Nemer, Sid Ahmed Kordj, Mourad Mezouari et Akim Ouchen constitué l’équipe des Algériens de france emmené par notre cher oncle, Ahmed Mekoues, puisse t-il reposer en paix
Merci Moss pour ces précisions et une pensée amicale à tous les champions dont tu rappelles les noms à juste titre !
Bonjour à tous, triste nouvelle ! Toute mes condoléances à sa famille. Repose en paix !
Merci Nasser pour toutes ses précisions sur l’homme le Boxeur exemplaire! une locomotive de motivation pour une équipe d’Algérie et un exemple de réussite pour une nation !
Bonjour Djamel, tout le mérite revient à notre frère Mossadek qui a bien voulu partager avec nous ses souvenirs dans les colonnes de Choisy Boxe.