C’était le début des années folles. Paris découvrait le jazz, Hemingway écumait les bars de Montparnasse et Aragon se laissait envoûter par les surréalistes. En 1924, les Jeux Olympiques enflammaient la capitale. Plus de 3000 athlètes originaires de 44 pays offraient au public parisien un spectacle inoubliable. L’économie française enregistrait des taux de croissance record tandis que la Bourse s’envolait (jusqu’au Krach de Wall Street en 1929).
C’est dans ce contexte rêvé que le jeune poids plumes Julien Teissonnières exprime ses talents pugilistiques sur le ring du mythique Central Sporting Club, le temple historique de la boxe parisienne jusque dans les années 60. La boxe était alors un vrai sport populaire et les salles étaient pleines. Le public venait nombreux admirer ses champions préférés. L’un de ces anciens passionnés du Noble Art, habitué du Central à l’époque, m’avait raconté, il y a bien longtemps, avoir vu boxer notre ancien professeur de boxe. Selon son témoignage, il était vif, précis, combatif et doté d’une grande maîtrise technique. Dans une coupure de presse originale du 5 octobre 1935, retrouvée dans les archives familiales, le journaliste écrit : « …cependant que le jeune espoir Teissonnières enleva une nouvelle victoire sur l’expérimenté Kid Prior ».
Sur la photo ci-contre, on découvre le visage juvénile de notre professeur dont on reconnaît d’ailleurs la chevelure ondulée. Il ne devait pas avoir 20 ans à mon avis. Après quelques investigations, j’ai fini par retrouver son palmarès professionnel sur le site Boxing Records. Aucune information en revanche, sur sa carrière en amateurs. Mal orthographié, son nom n’apparaissait pas dans le moteur de recherche patronymique des boxeurs. Comme l’indique la capture d’écran qui se trouve sous cet article, le prof avait donc combattu 8 fois dans les rangs professionnels, emportant à cinq reprises la décision et ne concédant que deux défaites et un match nul. Marius Tassart, son dernier adversaire, était un sacré client : 186 combats pro, 107 victoires, 49 défaites et 29 matchs nuls. Ce boxeur, originaire de Compiègne, a même battu le légendaire Valentin Angelmann, ancien champion d’Europe et du monde des poids mouches ! Notre professeur a tenu 10 rounds face à Tassart. Et je suis certain qu’il lui a donné du fil retordre…
On notera aussi que Julien Teissonnières a inauguré sa carrière professionnelle en 1924 par deux combats à Oran, en Algérie (française, à l’époque). Certainement son premier contact avec ce pays dont il deviendra plus tard un ami sincère par le biais de son merveilleux poulain Loucif Hamani, énorme vedette en Algérie comme en France dans les années 70 et 80. Enfin, vous aurez sans doute relevé deux longues périodes d’inactivité dans le palmarès de notre professeur : entre septembre 1926 et septembre 1931, puis entre cette dernière date et octobre 1935. Pas d’explications, pour le moment, à ces parenthèses. Mais je poursuis mon voyage dans le temps, en quêtes de nouveaux éléments.
Nasser NEGROUCHE
Oui Gérard, je pense qu’il en manque pas mal. Un ancien du club me dit que notre professeur lui avait confié avoir boxé jusqu »en 1938… Ils mettent à jour les palmarès de temps en temps. Il y a quelques semaines un combat, d’ailleurs, n’apparaissait pas (celui de 1931 contre Tournois) dans la liste.
Je pense que les palmarès ne sont pas complets car j’ai trouvé beaucoup d’oublis dans certains et Julien Tessonières a dû effectuer nombre de combats non répertoriés.