Choisy Boxe

Le mystère de la licence amateur 1931 du prof !

Licence JTOKC’est l’année de l’exposition coloniale internationale de Paris. Le 6 mai 1931, à la Porte Dorée, le président Gaston Doumergue inaugure en fanfare cette gigantesque opération de propagande à la gloire de l’empire français.  Les pavillons s’installent pour une durée de 6 mois, autour du lac Daumesnil, sur plus de 110 hectares du bois de Vincennes. Le prix du ticket d’entrée est à 3 francs et on promet aux visiteurs, qui peuvent traverser le lac en « pirogue malgache », un « tour du monde en une journée ». Entre spahis marocains, danseuses africaines et « cannibales » kanaks, le public, fasciné, savoure l’exotisme coloré des colonies aux portes de Paris.
C’est dans cette ambiance folklorique que notre défunt professeur de boxe, Julien Teissonnières, à peine 20 ans à l’époque, se rend tous les jours à la salle Gélineau pour s’entraîner. En 1931, il est licencié en qualité de boxeur amateur, sous le numéro 6094, à la Fédération française de boxe ainsi que l’atteste le document reproduit ci-contre, fournit par sa belle-fille Marie-Anne Teisssonnières, veuve de notre regretté Gérard et grâce à laquelle ce site est régulièrement alimenté en documents d’archives de première main. Cette licence parfaitement régulière en apparence (malgré le dernier chiffre de la date de naissance à l’évidence maquillé…) est signée de la main du célèbre président Paul Rousseau sauf erreur de ma part. Elle est cependant bien mystérieuse et suscite de nombreuses interrogations. En 1931, notre professeur boxait déjà dans les rangs professionnels. Au moins depuis le 27 avril 1926, date de son premier combat pro recensé par le site BoxRec.com. Il affrontait ce jour-là, à Paris (Ring du XVème arrondissement), un certain J. Simon.
Alors comment expliquer ce mystère ? Puisqu’on observe, dans la reconstitution de sa carrière proposée par BoxRec, une longue période d’inactivité entre mars 1927 et septembre 1931, on peut imaginer qu’il a été contraint de reprendre une licence amateur temporaire avant de pouvoir à nouveau boxer parmi les professionnels.  L’obligation réglementaire purement « formelle » est, à mon avis, la thèse la plus probable.  Cela me semble d’autant plus réaliste que rien n’est inscrit au dos de la licence, sur le tableau intitulé RESULTATS et dans lequel auraient dû être reportés les éventuels combats amateurs livrés en 1931. Mais il existe peut-être une autre explication, plus loufoque, plus inattendue. Comme, par exemple, une banale erreur de la FFB qui aurait délivré par mégarde deux licences à notre professeur pour la même saison ? Ou encore une disposition légale ponctuelle qui aurait permis aux boxeurs de détenir deux licences à la fois et de boxer en pro ou en amateur selon les circonstances et les opportunités ? On a récemment vu que la frontière entre les deux univers n’était pas si étanche, notamment en ce qui concerne les critères de participation aux Jeux Olympiques… Le mystère reste entier.

Nasser NEGROUCHE

2 comments

    • Merci Monsieur Vicente Abad de vos encouragements et de votre fidélité. A bientôt avec de nouveaux articles ! Bonne année à vous et vos proches. Nasser Negrouche

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